L'interview de Clémence Garnier

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L'interview de Clémence Garnier

Clémence Garnier, illustratrice et traductrice visuelle

INTERVIEW PAR COLETTE - MARS 2023

 

Hello, Clémence ! Qui es-tu ?
Je m’appelle Clémence, j’ai 32 ans et je suis illustratrice et traductrice visuelle depuis 2019. Originaire d’une petite ville de l’ouest de la France, j’habite à Bruxelles (ma ville de cœur <3) depuis plus de 8 ans. Quelques trucs que j’adore plic ploc, en plus du dessin : me balader dans la nature, les ambiances des cafés cosys, apprendre de nouvelles choses, découvrir de nouvelles cultures, laisser mon corps s’exprimer en dansant, écouter des podcasts, faire des crêpes, la psychologie.

Et concrètement, que fais-tu ?
Ça fait maintenant un peu plus d’un an que je consacre 100% de mon temps à mon activité d’illustratrice et de traductrice visuelle. J’ai développé 2 univers et techniques différentes, mais avec un même objectif : l’engagement par le dessin.
D’un côté, je crée des compositions poétiques mêlant illustrations de corps, impression de plantes et de dentelle. Elles sont imprimées à la main, en exemplaires uniques, grâce à la technique du cyanotype. Elles sont à retrouver sous formes d’affiches et d’objets de papeterie, et font parfois l’objet de commande (comme pour la super box Colette ;-)).
De l’autre, je travaille pour des professionnels et asbl en traduisant leurs mots en image. A leur écoute, je crée des synthèses visuelles leur permettant d’avoir une communication plus pédagogique et accessible. Pour cela, j’utilise la technique de la pensée visuelle illustrée (un mélange entre bande-dessinée, sketchnote, dessins symboliques et infographie).
Sinon, je pense bientôt prendre un temps partiel dans un tout autre domaine pour mieux structurer ma semaine, avoir plus de contact social (le dessin est une activité assez solitaire ce qui est chouette mais pas tout le temps).

Quel est ton processus de création ?
J’en ai deux : le cyanotype et la traduction visuelle, mais je vais vous parler un peu plus de la première qui est à l’honneur dans cette box.
J’ai découvert le cyanotype en 2019 et ça a directement été le coup de foudre ! A l’origine, c’est une technique d’impression artisanale de photo datant du XIXè siècle. L’impression se fait en plusieurs étapes. D’abord, je joue au chimiste en créant une solution photosensible : un mélange d’eau, de citrate d’ammonium ferrique et de ferricyanure de potassium. Je l’applique alors au pinceau sur le papier dans la pénombre. Une fois le produit séché, j’y pose différents éléments en négatif : mon illustration dessinée sur iPad et imprimée sur transparent, des plantes cueillies lors de mes balades, de la dentelle chinée, etc. C’est le moment méditatif de la composition !
Ensuite, la magie opère sous une lampe UV : les zones exposées à la lumière deviennent bleues, un bleu très profond : le bleu de Prusse ; le reste, caché par les différents éléments, reste blanc après un passage dans l’eau. Enfin, après un premier séchage, il reste encore à dégondoler le papier qui a été trempé dans l’eau.
Chaque œuvre est donc unique. Il m’arrive d’en réimprimer certaines en digital ou risographie pour proposer d’autres formats (calendrier, carte postale).
L’impression cyanotype est un processus long et minutieux, mais magique ! Il est difficile de compter exactement le temps que prend la réalisation d’une œuvre : à la louche, je dirai environ entre 4h et 9h.

As-tu toujours fait de l’illustration ?
Non, enfin, je dessinais dans la marge de mes cahiers en écoutant les professeurs à l’école pour mieux me concentrer, et j’ai participé à quelques cours de dessin pendant les vacances scolaires. Mais c’est tout pendant longtemps.
Ce n’est vraiment qu’en 2019 que j’ai commencé à dessiner de façon plus intense. J’ai fait une sorte de petit burn-out , un événement finalement très positif qui m’a permis de me réaligner sur le plan professionnel et personnel.
Et SURTOUT, à redécouvrir ma créativité grâce au dessin, qui sortit de nulle part, est apparu comme une évidence. Je me suis alors formée de façon autodidacte et grâce à plusieurs formations.


Quels types de sujets dessines-tu en général ?
Je dessine surtout des corps nus pour sublimer leur diversité, leur vulnérabilité et leur force, et casser les tabous autour de la nudité. Des corps, que j’ai appris à dessiner lors de séances de modèle vivant - des moments méditatifs passés à retranscrire ce que l'on observe en quelques traits, rapidement.
Je dessine aussi depuis peu des animaux. L’idée est d’intégrer l’Humain et l’Animal de façon respectueuse et harmonieuse à la Nature.
Par mes œuvres, je propose une représentation du monde que j’aimerais plus féministe, inclusif et respectueux de l’environnement. Vers plus de connexion à soi, à l’autre et à la nature.

Quelle est ton actualité pour ce printemps ?
Je suis en train de faire une série de cyanotypes sur le cycle des saisons.
Je m’inspire des célébrations de changement de saisons (sabbats) que j’ai fait l’année dernière à la Maison Verte et Bleue (Anderlecht) avec la tisanière-sorcière Virginie (fondatrice de « Les simples magiques de Bruxelles Ma Belle »).
Sinon, je m’attaque à deux gros chantiers : la création de mon site web, et la prospection pour mon activité de traductrice visuelle. En tant qu’illustratrice freelance, je suis forcée d'avoir plusieurs casquettes et sortir de ma zone de confort pour maitriser aussi la communication, l’administratif, la gestion de projet, etc. en plus de mon activité principale.

Parles-nous de tes projets passés ?
Tout a commencé grâce à une rencontre: j’ai réalisé mon premier projet d’identité et de traduction visuelle pour une connaissance qui lançait son entreprise de soupes zéro déchet (Potje d’ici).
Puis, j’ai tenu un carnet de dessin tous les jours pendant un mois en famille d’accueil au Bénin. A mon retour, j’ai créé une mini-BD présentant l’ONG béninoise du CADD qui promeut le microcrédit pour les femmes. Ce fut alors le début d’une longue collaboration avec l’association bruxelloise Quinoa. J’ai depuis réalisé 3 autres mini-BDs sur leurs associations-partenaires du Pérou (GRUFIDES), Népal (CWIN) et sur l’activiste indienne Siddamma Edwards.
Pendant le confinement, j’ai aussi lancé mon premier compte instagram :
@les_vagabondes_feministes , dans lequel je racontais des anecdotes sur les relations, la sexualité, et le développement personnel. Enfin, dans un autre registre, j’ai raconté l’histoire de mon papi en dessin pour l’introduction d’un livre retraçant sa captivité pendant la seconde guerre mondiale.

Quelles sont tes influences, inspirations ?
Il y en a plein : la nature avant tout, ma maman qui m’a initié à l’art, les pauses des modèles vivants, les photographes de nus et de portraits, les peintres impressionnistes, les thérapies que j’ai eu la chance de faire et autres expériences sur le bien-être, la psychologie, mes relations avec les autres, l’amour, la magie de la vie, le cycle des saisons, les oiseaux qui volent, le ciel dans tous ses états, mes voyages, mes valeurs (équité, respect, communication), mon envie que le monde aille mieux…

Quel∙les sont tes 3 artistes préféré∙es (toutes disciplines confondues) ?
La chanteuse Aurora, le peintre Claude Monet et le photographe Brandon Stanton de Humans of New York (difficile de n’en choisir que 3 ;-))

Quel est ton lieu culturel préféré à Bruxelles ?
Je n’ai pas vraiment de chouchou, j’en aime beaucoup : le musée Matisse et Fin de Siècle pour ses peintures; l’Antidote, l’AB et Couleurs café pour les concerts et l’ambiance ; le 140 et le KVS pour les spectacles de danse ; la rue pour le street art.

Un petit mot sur l'illu pour Colette ?
Quand Colette m’a proposé de faire une œuvre sur le printemps, l’inspiration était déjà là. J’ai eu envie d’exprimer le sentiment de légèreté que l’on ressent avec le retour des beaux jours. La sensation de liberté, la perspective de nouveaux projets, l’énergie du soleil, la richesse du sol avec sa multitude de fleurs, la renaissance avec les bourgeons, le retour des insectes volant, le chant des oiseaux,.. Je pense avoir mis environ 4-5h pour réaliser cette œuvre et j’ai adoré tout le processus. Un grand merci à Alexandra pour sa confiance !

Comment peut-on te contacter ?
Vous pouvez me contacter via Instagram ou Facebook. Au plaisir d’échanger avec vous ;-)

 

Et pour voir la box aux couleurs de Clémence, c'est par ici que ça se passe !

 

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